Électrique Gastrique 2012-

Électrique Gastrique est une performance jouant sur le décalage entre une expérience quotidienne et intime que tout le monde partage : celle de se nourrir et son basculement vers un autre domaine, celui de l’art.

Qu’est-ce que la nourriture ? Comment la consomme-t-on ? Qu’est-ce que le mangeable ? Le beau est-il bon ? Fais moins de bruits en avalant ta soupe !

Cette performance interroge les codes d’un acte que tout un chacun pratique, mais qui ici, est totalement décalé :

  • décalé dans le spectre lumineux, des nourritures bleues, noires, transparentes, gazeuse…
  • décalé sur le plan sonore, car il est normalement bienséant de ne pas faire de bruit en mangeant. Or ici, la nourriture sera, au contraire, la source d’une grande richesse sonore. Tout un paysage de sons sortira de cette bouche amplifiée, allant du glouglou prévisible au tremblement de terre provoqué par le craquement d’une chip, ou le crépitement d’un feu engendré par des explosions d’effervescence.
  • décalé gustativement car ces jolies nourritures sont peu goûteuses.
  • décalé en quantité car le performeur, qui n’est pas un gros mangeur dans la vraie vie, semble avaler des quantités astronomiques de cette nourriture sans goût.
Mangeurs de Mondes, 05 2014, photo Sybil Montet
Mangeurs de Mondes, 05 2014, photo Sybil Montet

Description

L’homme s’assoit dans un fauteuil ou se plonge dans une baignoire dans une position qui ne variera que peu durant l’ensemble de la performance.

La femme, Elizabeth Saint-Jalmes, s’approche, sort le premier bol de la desserte, prend la première cuillerée de nourriture et l’enfourne dans la bouche du musicien. Celui-ci fait du son avec la mastication, le déglutissement et sa salive. Ce sont les actions principales de la performance.

Electrique Gastrique : Gavage et dégoulinures, Photo Emmanuel Rioufol

 

Dans une attitude passive, le musicien n’a pas le choix de ses “instruments”. Il entre dans un état de conscience modifiée qu’il a appris à convoquer au cours de sa longue pratique de la performance. Il ne sortira de sa torpeur en aucun cas.

C’est ainsi que nous disons que la performeuse “joue du musicien”, Electrique Gastrique, 31 05 2012, Image Hélène Crouzillat

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Actualité

2014

03 mai,  festival « Les mangeurs de mondes » Confluences, Paris  électronique™ .||| [stance astasie]

2012

08 décembre 2012,  Plateforme, Paris dans le cadre d’un événement Ringono / Pommes de vie pour Fukushima

27 juin 2012 Scopitone/Scop’Club,  Paris Salon #5 : Antre2.org/imagenumerique TM

04 juin 2012 Performance en directe de l’émission Song of praise sur Radio Aligre, Paris, vous pouvez télécharger la performance réalisée dans le studio et commentée en direct par Franq de Quengo (pour palier à l’absence d’image).

31 mai 2012 « Misti in the swamp » Galerie Gabriel & Gabriel, Paris dans le cadre d’une performance Misti

voir le document vidéo de Mitsi in the swamp 


 

La performance plastique

La recherche qui est menée sur l’aliment pour jouer des textures, natures et couleurs va puiser dans la cuisine moléculaire. Dans la mesure ou les aliments sortent d’une desserte un à un, dévoilant leurs secrets au fil du temps, on peut dire que la dramaturgie est “plastique”. A partir d’aliments liquides (eau, tapioca, bouillon…) il s’agit de jouer avec :

  •  la nature des aliments : liquides, solides, gazeux…
  • l’aspect des aliments : opaques, transparents, sphériques, oblongs, carrés, en chips…
  • les couleurs des aliments qui évoquent les teintes de l’eau : bleus, verts, turquoises, gris-bleu, bleu pétrole…

Seulement 1 à 2 % de la nourriture est artistiquement dégoulinée sur la peau du musicien. Elizabeth Saint-Jalmes est dessinatrice et peintre et notamment, elle maîtrise l’art de la tache et de la coulure dans ses expressions plastiques. Elle va donc réaliser un “tableau éphémère” sur la peau d’Eric.


Un goût de flotte

Les nourritures utilisées jouent sur un contraste entre une forte coloration et une certaine insipidité.

La baignoire peut être remplie d’un potage tiède de tapioca sur un fondu d’aquarium délaissé : algue, poireau et vert d’oignon. Le musicien sera en partie sustenté par le contenu de la baignoire.


Intentions

Notre performance joue avec le rapport du corps avec la sphère sociale. Nous souhaitons questionner la relation que nous entretenons avec la nourriture : ne sommes-nous pas dans une routine où le bon est souvent une simple reproduction des goûts de l’enfance et la duplication des recettes ancestrales ?

Il n’est qu’à voyager un peu pour se rendre compte que nous naviguons essentiellement dans des schémas culturels extrêmement relatifs. Nous invitons le public à explorer les limites en le faisant assister à une scène dans laquelle sont consommées des nourritures qu’il n’a pas l’habitude de manger lui-même. Par ce biais, nous questionnons les notions de liberté, de libre arbitre.

La main nourricière peut être la métaphore de la culture :  où se joue la frontière entre ce que l’on subit et ce que l’on choisit ? Les rapports entre la performeuse et le musicien ne sont pas toujours des plus tendres et si la quantité de nourriture proposée est trop importante, le musicien peut manifester de la résistance.

Dans une routine de la cuisine telle qu’elle est consommée dans le quotidien, les plats ne brillent pas tant de couleurs artificielles et de paillettes. Par cette recherche sur l’aliment, nous parlons de la création et par extension de la nourriture “spirituelle”. En tant qu’artistes, nous nous nourrissons de la vie et la traduisons de manière poétique par des formes que nous partageons avec un public. Que de plus parlant que de faire de la musique avec notre nourriture ?

Le coeur de la performance est le nourrissage du musicien, mais en bons occidentaux issus d’une société chrétienne, nous souhaitons appeler à la communion par un partage avec le public : durant le dernier tiers de la performance, de la nourriture bleue translucide ainsi que le consommé d’algues dans laquelle mijote le musicien est distribuée dans de petits ramequins en plastique aux spectateurs.

Durant le dernier tiers de la performance, le public est invité à partager la nourriture avec nous. 31 05 2012. Image Hélène Crouzillat
Dégustation, décembre 2012, photo C Debouit

 


 

Le son

Il évolue avec les différentes natures des matières à base d’eau qui sont ingurgitées :

– déglutissement des nourritures qui vont du liquide au visqueux

– craquements / croquement de glace (glaçons colorés et travaillés)

– crépitement (effervessence due à un gaz dans un liquide, sucre pétillant)

– bruit de la baignoire et du clapotis.

Le moment ou le micro est ôté de la bouche, et où la musique cesse, indique la fin de la performance.


Origines

Elizabeth travaille depuis longtemps sur les rapports formels entre le chocolat et la merde, ou les liens entre l’intestin et les saucissons, boudins etc. Elle manipule depuis longtemps l’aliment en tant que matière de jeu, de sens, de sculpture, de recherche.

Eric a été l’élève de Michel Journiac, qui en a fait communier plus d’un avec son propre sang. il s’est également un jour retrouvé à mijoter dans un court-bouillon parfum sauce escargot pour des raisons curatives : à la suite d’une séance d’apiculture qui avait mal tourné et comme il commençait à ressembler à Elephant-man, il avait préféré se soigner par les plantes plutôt que d’aller aux urgences. Puisque les plantes traditionnelles qui permettent de lutter contre l’enflemment des chairs sont l’ail, l’oignon et le persil, on peut dire que la situation d’être “le dindon de la farce” lui est familière.

Ce n’est pas non plus la première qu’il ingurgite un micro, 31 05 2012, Image Hélène Crouzillat.

 

Il a longtemps travaillé sur la mise en scène de corps nus dans leur plus grande banalité développant une gestuelle inusitée. Les corps nus étaient délocalisés de la sphère de l’intime vers la sphère publique. Ces “Ovnis” décervelés ne faisant plus référence à rien du quotidien, par cette projection dans une sphère spectaculaire, procuraient au spectateur des sensations proches de la visite d’un zoo : il contemplait son semblable dans une altérité absolue : Nadir.

Eric et Elizabeth se sont connus en 2002 autour des activités du collectif d’artistes L’Ateliers à Evreux. Ils  se sont mis par jeu à se faire découvrir des nourritures improbables avant de passer à la performance.

Elizabeth crée des sculptures à activer dans la danse. Elle construit des prothèses charnelles Mitsi par lesquelles le corps du perfomer devient tour à tour monstre, lien avec l’autre, matière de projection, matière de jeu, matière de sens, imposture….

 

Récemment ils ont collaboré sur des vidéos, Eric réalisant la musique de plusieurs vidéos d’Elizabeth.

 

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