J’ai attendu plus de 25 ans pour présenter un solo de vielle à roue. Pour moi l’improvisation est liée à l’interaction avec les autres musiciens et en tant que spectateur, je ne suis pas très sensible à l’exercice du solo. Or, un jour Stephen O’Malley me propose de faire un solo dans la série de concerts qu’il programme aux Instants Chavirés. Difficile de décliner la proposition.
Mon premier solo de vielle à roue s’est donc déroulé le 4 mai 2014 dans le cadre de « Ideologic Organ nite« .
Cependant, mes solos de vielle à roue sont-ils vraiment des solos ?
Et ne serait-ce pas non plus des concerts électroacoustiques ?
Mon rapport à l’instrument est particulier, j’aime ses modes de jeux, mais pas sa sonorité aigrelette. C’est ainsi que depuis longtemps je transforme le son de ma vielle par des processeurs / multi-effets. L’adoption de cet instrument est issue de mon expérience des synthés dans les années 80. J’ai abordé la vielle à roue comme un générateur d’ondes que je rêvais de faire passer dans des filtres, des LFO, des VCA, des modulateurs en anneau portés par des ondes carrées etc… J’ai mis quelques années à trouver des machines à la hauteur de ce que je voulais faire. A la différence de la plupart des autres instruments, la vielle a la particularité de générer du son continu, je n’ais pas besoin de modules de délais ou de réverbération pour « prolonger » mon indtrument. J’ai donc plutôt cherché à ce que le multi-effet vienne sculpter, tronçonner la continuité de la vielle. La dernière génération des multi effets intègre des analyses du signal en entrée me permettant d’affecter les paramètres à la transformation des effets eux-mêmes, ce qui devient vite assez riche. Ainsi la modulation électronique peut être contrôlée par ce que je joue, m’accordant une certaine maîtrise mais en même temps une certaine incertitude. C’est ainsi que j’ai de plus en plus programmé des algorithmes de traitements du son dont certains paramètres me créent de la surprise, comme si les traitements électroniques gagnaient en autonomie, comme-ci finalement, je me retrouvais à jouer avec un partenaire qui improvise avec moi.