Xie, un enfant ; Pitt, un robot et Lepus, un lapin, évoluent dans un univers à la fois désuet et futuriste. Le décor est celui d’une ville où les étoiles sont en plastique et où les rues en formica portent des noms d’astronomes célèbres.
Adoptant un style graphique des années 50 (ligne claire et à-plat de couleurs) l’auteur télescope un univers enfantin, avec des situations surréalistes (d’où la référence à Picabia, au Futurisme) et des dialogues empruntant à la théorie de la relativité.
Pour servir le manga, Eric Cordier a composé une musique électroacoustiques à partir de samples de vynils japonais de années 60. Lors d’un voyage au Japon, il est tombé sur une collection de musiques faisant la synthèse entre les cultures japonaises et occidentales. Guitares électriques remplaçant les biwas, et ondes Martenots remplaçant les shos de gagaku, des thèmes traditionnels japonais sont joués à la sauce latino, orchestral et moderniste le tout plongé dans un maelstrom psychédélique. L’intervention électroacoustique a consisté à pousser le bouchon du psychédélisme encore un peu plus loin.
Le manga
Eric Cordier est le co-traducteur avec Satoko Fujimoto de ce chef-d’oeuvre de Yuji Kamosawa qui plus de 30 ans après sa publication au Japon va enfin paraître en France aux éditions IMHO à l’automne 2018.
Il ne s’agit pas d’un manga de studio, mais d’un manga d’auteur, d’une qualité et d’une originalité équivalente à celles d’un Mizuki ou d’un Maruo.
Présentation officielle par l’éditeur :
« Imaginez un monde où des milliers de lapins partiraient en villégiature sur la lune, où Saturne serait une planète fortement attirée par le nudisme et le sport automobile et où la nouvelle ligne de métro n’aurait qu’une station et ne servirait qu’à arriver en retard à votre travail… Un monde bien étrange, et surréaliste qui existe pourtant : bienvenue dans le monde de Xie, enfant d’une dizaine d’années qui passe ses journées à discuter théorie scientifique et robotique avec son ami lapin et son ami robot. Entre Alice au Pays des Merveilles, et les cadavres exquis surréalistes, Les Nuits picabiennes de Xie s’amuse à mélanger tout un flot de références et diffuse à travers une série d’historiettes de cinq pages une fraîcheur et un humour ravageurs. »
La musique
Lors d’un voyage au Japon, j’ai découvert une collection de vinyles. Ces disques enregistrés dans les années 60’s par des orchestres anonymes agrémentent des mélodies traditionnelles japonaises à la sauce psychédélique et parfois latino. Il n’y a pas une acculturation totale comme bien souvent au japon, la musique s’ouvre aux sonorités de la modernité, tout en restant encrée dans la tradition.
Je suis passionné de musiques psychédéliques et il y a des liens forts entre l’électroacoustique et le psychédélisme. Mon intervention musicale a consisté à recomposer la musique, à modifier la forme sans supprimer les mélodies, ni le son psychédélique, ni le grain des années 60, ou encore les craquements du vinyle, bref en gardant la substance des sources. En quelque sorte, via l’électroacoustique, j’ai incrémenté la musique vers une sorte d’hyper psychédélisme.
L’adaptation radiophonique