Cécile Maupoux, Jean-Luc Guionnet et Eric Cordier ont réalisés une série de performances radicales basées sur un entrainement pluri hebdomadaire.
NADIR est un groupe proposant un travail d’Action basé sur une recherche intérieure projetant le corps dans un travail lent et pesant porteur de tension et d’érotisme.
Dans une telle pratique l’interprétation d’un texte, d’une partition, préexistants ne peut avoir lieu au sens où l’acteur, le danseur, sont des interprètes faisant appel à des codes tels que la parole, la psychologie ou la narration. Ainsi définie, cette pratique ne peut être celle de l’acteur, du danseur, mais celle de l’actant.
Video : Chants Nus 1989-91 -15 min (malheureusement censurée)
Cécile Maupoux
Jean-Luc Guionnet
Eric Cordier
Le noyau central de l’équipe était constitué de Cécile Maupoux, Jean-Luc Guionnet et Eric Cordier. Ils ont été rejoint sporadiquement par Patrick Coeuru, Caroline Pouzoles, Cécile Guionnet et Eric Loilieux.
Nadir – Le Grand Travers – Guionnet – Cordier by Ericcordier on Mixcloud
“… c’était la première fois que nous assistions à une performance où le corps était véritablement la matière centrale. Bien sûr, il y avait le son, mais notre attention a été immédiatement focalisée sur la matière vivante. Une conception nouvelle se présentait à nous…”
Eric La Casa, commentaire de l’action du 7 juin 1991.
L’action est issue d’une pratique du corps qui tente de dégager un certain nombre de lignes propres à chacun des actants. Le tracé de ces lignes comporte des noeuds, noeuds de chacun, mais aussi noeuds communs. Il s’agit alors de les délier par un travail en perpétuel devenir.
Cette démarche engendre des séquences remarquables issues de l’unicité de chaque actant. L’actant les connait bien, elles forment comme des signatures de chacun de leur corps et c’est sur elles que l’actant se base pour réaliser la performance.
Les performances étaient accompagnées de musiques. Celles-ci ont joué un grand rôle et demandé beaucoup de temps de composition. Une page spécifique est dédiée à l’aspect musical de Nadir.
Rite Cri Rythme
7 avril 1987
90 min
Auditorium du Centre St Charles, Paris I
(avec Patrick Coeuru)
Suivi d’ombre
4 mai 1987
30 min
Intergalaktisches Laerm Struktur Festival, Ravensburg RFA
La croisée des buts
5 décembre 1987
45 min
Intergalaktisches Laerm Struktur Festival, Stuttgart, RFA
Interligne
20 mai 1989
35 min
Inter Action Archi Spatial, Ecole d’architecture de Darnétal (Rouen)
Parcours d’os
Tournages publics
10 février 1991
120 min
Ecole des Beaux Arts de Lyon
9 & 10 mars 1991
150 min
L’Ersatz, Vénisssieux
Fil de pierre
7 juin 1991
60 min
Festival Volgograd, Etablissements Phonographiques de l’Est, Paris
Nadir II
Spectacle : Action, dispositif vidéo interactif et musique en direct
Novembre 1991
Festival AVE, Pays-Bas
14 novembre 1991
100 min
“0 42”, Nijmegen
16 novembre 1991
90 min
Willemeen, Arnhem
Signes en clair
16 janvier 1992
1h 40min
Action et dispositif vidéo interactif, Galerie Espace Provo, Lyon
L’aplomb des replis
18-19 janvier 1992
Action marathon de 12h 50min non-stop
Galerie Espace Provo, Lyon
La courbe des nombrils
Action photographique
25 janvier 1992
60 min
Etablissements Phonographiques de l’Est, Paris
Soli
Action solo, musique en directe, action voix
16 Novembre 1992
60 min
Etablissements Phonographiques de l’Est, Paris
Ivraie Action
2 mai 1993
210 min
Manifestation “Paris Nord”, St Ouen
Etarqués
Action, dispositifs électroacoustique et vidéo en direct
22 mai 1993
100 min
E. P. E. Paris
Icellui
Action
16 octobre 1993
60 min
Festival Emo-Sons, Bourges
Solo
Cecile Maupoux
1993, non daté précisément
Berluque
Action
18 avril 1994
90 min
Wolnitza, Lyon
Décillés 1
Action
20 mai 1994
90 min
au 252 rue du faubourg St Martin, Paris
Entre-cils
Duo – Eric Cordier, Jean-Luc Guionnet
26 mai 1994
270 min
au 252 rue du faubourg St Martin, Paris
Solo
Cécile Maupoux
240 min
au 252 rue du faubourg St Martin, Paris
Solo
Eric Cordier
28 mai 1994
240 min
au 252 rue du faubourg St Martin, Paris
Décillés 2
Action
29 mai 1994
270 min
au 252 rue du faubourg St Martin, Paris
« Chants nus » est le résultat d’une recherche visuelle, spécifique au médium vidéo. Les prises de vues sont traitées en régie. Loin de brouiller l’image, ces traitements la marque, orientant clairement l’attention sur un certain nombre d’éléments.
Le nadir, c’est l’opposé, c’est aussi le nom du centre de la terre, l’opposé du zénith. Pour lui la terre est concave où, pour le zénith, elle est convexe : par la forme de la terre et la rotation de cette forme autour de lui, il est le point de regroupement de tous les mouvements sur terre, le centre de courbure commun à toutes les lignes de la surface.
La camera cherche à être le nadir de l’action, plus exactement, le point ou le site qui est à l’action, au mouvement de l’action, ce que le nadir est à la terre, à sa rotation et surtout aux mouvements sur la terre.
Une distanciation/divergence de point de vue entre le spectateur et l’actant est toujours inévitable. La vidéo est un excellent outil, médiateur permettant (en temps réel) l’accès du spectateur à un autre point de vue que le sien par l’intermédiaire du dispositif caméra-écrans-moniteurs. Comme avec celle de la musique, notre approche de la vidéo est double : la bande pré-enregistrée et le travail en direct.
Les prises de vue sont effectuées de l’intérieur (cf développement suivant). Elles constituent un type d’images auxquelles le spectateur n’a normalement pas accès, elles sont emmagasinées sur la bande magnétique et seront révélées en différé. Nous tenons beaucoup à ce décalage temporel de façon à ce que les images gardent toute leur force et leur mystère en évitant au spectateur de jouer a relier le glissement des images au mouvement de caméra (et par conséquent de ne pas se focaliser sur le comment, mais sur le résultat). Ce dispositif à été utilisé live dans les action réalisées en Hollande en Novembre 1991. Les images vidéo prises en direct le sont « depuis » l’action, la caméra est tenue par l’un des actants (Jean-Luc Guionnet), c’est-à-dire que, sans arrêter d’agir, en restant donc plein-actant, il tire de son geste et par la caméra, un flux continuel d’images que l’écran vidéo peut retransmettre. Ce n’est pas l’oeil qui dirige l’image mais le corps tout entier et sa main en particulier, ici, pour l’image, le corps se prend par la main.
Il est possible de comprendre l’action comme le regroupement du corps dans son entier en toutes ses lignes, c’est-à-dire en toutes ses fonctions – tout le corps dans chaque fonction, le pied de la main, le sexe du pied, le cou des cuisses, l’oeil du corps, l’oeil de la main … le dos de l’oeil. C’est un flux infini de signes, que l’action propage et c’est une partie de ce flux, que la caméra cristallise en image.
Il en résulte un continuel mouvement de l’image et dans l’image, de la même façon que le corps filmant peut aussi être le corps filmé, le flux trouve un champ libre de réalisation dans l’image et enveloppe le corps par ses tensions, par son propre mouvement. Le corps devient alors le point de fuite en forme d’horizon de son propre paysage.
« Chants nus » a été réalisé en collaboration avec Matthias Jund (vidéo et traitements), avec l’appui de l’école des beaux-arts de Lyon.